Pourquoi et comment ancrer des formations du supérieur au cœur des territoires ?

Table ronde

Retour sur la soirée « ESR et Territoires »

26 octobre 2023

La soirée s’est poursuivie par la table ronde « Pourquoi et comment ancrer des formations du supérieur au cœur des territoires ? »

Avec Catherine Staron, Vice-Présidente déléguée à l'enseignement supérieur et à la recherche de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Véronique Baude, Vice-Présidente déléguée à la jeunesse, aux collèges, à l'éducation et à l'enseignement supérieur du Département de l’Ain, Frédéric Fotiadu, Directeur de l’INSA Lyon, Jean-Michel Carre, Directeur R&D - HeatPump Team, Groupe Atlantic, Rémy Fontanel, Médecin, ancien étudiant de l'Université Claude Bernard Lyon 1.


Elle débuta avec le témoignage de Rémy Fontanel, Médecin et ancien étudiant de la faculté de médecine Lyon Sud de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Sorti de la faculté en 2022, il s’est installé directement en Maison de santé en Ardèche, dans sa ville natale, où il exerce en cabinet de médecine général à mis temps. Il consacre l’autre mi-temps au SDIS, en charge de la formation et de l’accueil des étudiants de médecine et est conseiller de la cellule santé du département de l’Ain.

Rémy Fontanel, médecin

Quand on vient d’Ardèche pour faire ses études en métropole, on se retrouve face à un mode de vie différent, un certain choc de culture

explique le Docteur Fontanel

Être en concurrence avec des étudiants dont les parents peuvent assurer l’intendance (linge, repas, etc.) peut, selon lui, être un facteur d’échec en 1ère année sélective. Le coût financier est également un frein. « Ma famille m’a fait confiance » explique-t-il, alors que « 30 à 40% des revenus familiaux étaient alors absorbés par mes études ». Il souligne également l’isolement social et amical subit par les étudiants de 1ère année de médecine qui vient s’ajouter aux difficultés. Selon lui, « c’est finalement le territoire métropolitain qui isole les étudiants, plus que le territoire d’origine, et c’est cela la véritable problématique ».

Ainsi, il confirme qu’intégrer un Include Campus tel que celui de Bourg-en-Bresse, lui aurait permis de bénéficier de ce dont profitent les métropolitains, comme pouvoir parler de son quotidien avec sa famille le soir. De manière générale, selon lui, les Include Campus présentent l’avantage de limiter l’autocensure et les risques financiers. En réduisant les déplacements hebdomadaires domicile – lieu d’études, l’impact écologique est diminué. « Le bénéfice est ainsi global », conclue Rémy Fontanel.


Frédéric Fotiadu, Directeur de l’INSA Lyon, commence son témoignage en rappelant les éléments de valeurs qui poussent les établissements comme l’INSA Lyon ou l’UCBL à se projeter dans la diversité territoriale : un engagement profond envers l’inclusion. Ainsi, l’INSA Lyon a ouvert un Include Campus sur son site existant d’Oyonnax, au cœur de la Plastics Vallée « afin d’opérer, dans la logique historique de Gaston Berger, des formations d’ingénieur déclinées de ce qu’on fait sur la Doua » explique-t-il. Il ajoute que le dispositif Include Campus a permis à l’école d’ingénieurs « d’engager un projet de développement en diversifiant les publics et l’offre de formation ».

Actuellement, l’Include Campus d’INSA Lyon propose ainsi un portail ressentant toute l’offre de formations d’ingénieur en France, mais projette également de développer des projets ciblés notamment en lien avec le secteur de Plasturgie. Si l’une des forces de ces Include Campus est l’importance donnée à l’écosystème de la vie étudiante et du tutorat mis en place, M. Fotiadu, souligne que l’enjeu à venir réside dans la pérennisation des ressources humaines sur ces campus.

Frédéric Fotiadu, Directeur de l’INSA Lyon

Aujourd’hui, on a besoin de diversifier les financements pour assurer des projets du niveau d’ambition qui est le nôtre, porté par Include, sur le long terme. On est ici dans l’installation d’un territoire et on se projette dans les deux prochaines décennies.

déclare, Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon

Ensuite, Jean-Michel Carre, Directeur R&D - HeatPump Team, Groupe Atlantic, ancien étudiant de l’INSA Lyon a apporté son témoigne en tant que représentant d’une entreprise nouant des partenariats innovants avec l’enseignement supérieur, à l’image de son actualité. En effet, le Groupe Atlantic, l’UCBL et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s’apprêtaient à inaugurer La Heat Pump Academy, nouvelle plateforme de formation dédiée aux pompes à chaleur sur le site de Bourg-en-Bresse de l’IUT Lyon 1.

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Avoir des centres de formation au plus près de nos usines en France est un véritable atout » explique M. Carre. De nombreuses pistes de partenariat avec l’enseignement supérieur restent encore à creuser afin de « mieux faire connaître nos métiers auprès des étudiants, d’attirer des jeunes dans nos métiers en tension, et adapter les formations à nos métiers.

ajoute-t-il.

Avant de donner la parole à Mme Baude, Vice-Présidente déléguée à la jeunesse, aux collèges, à l'éducation et à l'enseignement supérieur du Département de l’Ain, est diffusé un reportage vidéo sur le choix des étudiants d’être venu étudier à Bourg-en-Bresse.

Reportage comportant des extraits de la vidéo réalisée par le service communication du Département de l'Ain à la rentrée du PASS 2022-2023 à Bourg-en-Bresse.

Véronique Baude, Vice-Présidente déléguée à la jeunesse, aux collèges, à l'éducation et à l'enseignement supérieur du Département de l’Ain

On a pris un nouveau tournant dans la collaboration et la volonté de renforcer ces formations du supérieur qui correspond, pour nous, a un véritable enjeu d’aménagement du territoire, d’attractivité, pour que nos étudiants aindinois restent dans le département mais que nous puissions également en accueillir d’autres.

déclare Mme Baude, « aujourd’hui, on compte 4000 étudiants dans le département dont 50 % à Bourg-en-Bresse ».

Elle présente les trois défis en matière de formation dans lesquels s’inscrivent les actions du département : « des formations qui répondent aux enjeux économiques, industriels comme la plasturgie mais aussi des filières d’excellence comme le bois, l’énergie … Beaucoup d’emplois sont à pourvoir, il est donc important de travailler l’adéquation entre l’offre et la demande ; également offrir des formations de qualité et de proximité.

« Un travail en partenariat aux côtés de la Région, avec les collectivités, l’État, les chambres consulaires est important pour dessiner une vraie feuille de route, claire, cohérente et partagée et ainsi répondre aux besoins de nos jeunes et de nos territoires », explique-t-elle.

« C’est une vraie chance pour les étudiants aindinois et autres de bénéficier d’un parcours PASS Include Campus, que nous finançons sur trois ans et espérons voir pérennisé, pour répondre au besoin de formations des jeunes mais aussi pour répondre au besoin de démographie médicale du département de l’Ain » conclue-t-elle.


Enfin, Catherine Staron, Vice-Présidente déléguée à l'enseignement supérieur et à la recherche de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, partenaire des Include Campus clôture la table ronde de son expertise.

Catherine Staron, Vice-Présidente déléguée à l'enseignement supérieur et à la recherche de la Région Auvergne-Rhône-Alpes

On le sait tous ici, l’enseignement supérieur peut changer des vies. Je crois qu’on a tous ici cette volonté de permettre à un maximum de jeunes d’entrer dans l’enseignement supérieur et c’est une priorité pour la Région que de lutter contre cette autocensure et favoriser l’égalité des chances

exprime Mme Staron.

« En accompagnant les sites de proximité, la Région répond au besoin d’aménagement du territoire mais aussi au besoin de développement des écosystèmes économiques locaux » explique-t-elle.

Elle rappelle les actions mises en œuvre comme l’appel à projets « sites de proximité » lancé par la Région, dont l’UCBL est lauréat, permettant des projets d’amorçage de formation mais également d’investir dans les équipements de la vie étudiantes qui est aussi un facteur important pour la réussite des étudiants. L’objectif de la Région est aussi de former plus de 25 % de techniciens supérieurs dans les prochaines années.

« Dans les faits, on travaille main dans la main avec les établissements d’enseignement supérieur et l’ensemble de l’écosystème comme les pôles de compétitivités afin de déterminer quelles sont les formations dont le territoire a besoin dans une logique territoriale, avec leurs spécificités » explique Mme Staron.

Pour finir, Mme Staron évoque le fait que les solutions d’enseignement à distance permettront aussi de révolutionner la notion du travail. Puisqu’un salarié sera amené à changer de métier plusieurs fois au cours de sa carrière, ces campus pourront contribuer à la formation tout au long de la vie, en facilitant les gestions familiales par exemple.

Égalité des chances, d’accès, territoriale

équité

gagnant-gagnant

employabilité et compétitivité

transitions 

sont les mots choisis par les invités de la table ronde pour résumer pourquoi il est important de territorialiser les formations du supérieur.

Table ronde Include Campus

Crédits photos : Ruben Vera