Appréhender la diversité géographique dans l’enseignement supérieur – Entre égalité des chances et développement des territoires – Exposé
Par Sébastien Loisel et Maud AigleRetour sur la soirée « ESR et Territoires »
26 octobre 2023
En introduction de la table ronde, Sébastien Loisel, Docteur en sociologie et Directeur associé Dual Conseil et Maud Aigle, Chargée de recherche, consultante Dual Conseil, ont ensuite apporté un regard sociologique à travers une intervention intitulée « Appréhender la diversité géographique dans l’enseignement supérieur – Entre égalité des chances et développement des territoires », les deux enjeux principaux de la question.
Ils soulignent que la question d’inclusion de l’espace géographique, jusqu’alors délaissée au profit des questions de genre, de handicap ou encore de statut socio-économique, est devenue une véritable préoccupation des pouvoirs publics. Cette notion d’espace a de multiples dimensions. Elle peut être spatiale et temporelle (entre le lieu de vie des lycéens et le campus), mais aussi sociale, précise Sébastien Loisel. Il s’agit alors de l’« espace vécu », c’est-à-dire l’ancrage social et familial des lycéens sur leur territoire. Ces dimensions entrainent ainsi des freins de différentes natures : financiers (coûts de transport et de logement), socio-culturels (capital social et culturel, auto-censure) ou encore psychologiques (isolement affectif, distanciation au milieu d’origine, …).
L’origine géographique influence le choix d'études des étudiants et leurs ambitions. À résultat du bac égal, les lycéens originaires de milieux ruraux se risqueront moins à candidater à des formations sélectives que les bacheliers des zones urbaines.poursuit Maud Aigle
Toutefois, il est intéressant de relever que les étudiants quittant leur département d'origine ont tendance à réussir davantage que les locaux. La distance aura un impact négatif sur la réussite des étudiants lorsqu’elle représente de longs déplacements quotidiens (1h30 par jour), précise-t-elle.
À ce jour, deux dispositifs de « distribution territoriale de l’enseignement supérieur » coexistent : les antennes universitaires (accueillant +10% des publics étudiants d’origine défavorisée ou issus de zones rurales que leurs universités sièges, mais peu poursuivent en second cycle) et les dispositifs numériques et hybrides tels que les « campus connectés » ou les Include Campus.
Aussi, elle souligne la coordination croissante des acteurs étatiques, CROUS, associations, etc. afin de proposer des ressources aux étudiants (restauration, transports, logement...) et obtenir des données pour pouvoir agir efficacement.
conclue Sébastien Loisel.L’université est un lieu, mais aussi une communauté qui peut être distribuée dans l’espace
Pour surmonter les défis liés à la distance dans l'enseignement supérieur, des opportunités se présentent. Il les résuma par : la conciliation entre l'émancipation individuelle des apprenants et les besoins en formations professionnalisantes des territoires ; l'appréhension de la diversité territoriale (densités, besoins socio-économiques, identités) et les distances sociales et vécues ; l'utilisation du numérique de manière équitable ; et l'exploitation du potentiel des données pour évaluer et améliorer l'expérience étudiante en collaborant avec les universités et les collectivités.
Crédits photos : Ruben Vera